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Commerce Québec Algérie : une opportunité à développer

Bien que les échanges commerciaux entre le Québec et l’Algérie soient modestes, ils témoignent d’une relation en développement. En effet, les exportations et importations québécoises représentent 15 % du volume commercial total du Canada dans cette région du Maghreb. Ces échanges étaient historiquement marqués par l’importation de pétrole brut et d’engrais, mais ils ont connu un profond changement depuis 2018, ce qui a contribué à leur diversification.

Par Stéphane Lacharité, économiste et chargé de cours à L’École de technologie supérieure

Les deux partenaires économiques partagent des traits communs. Le français, langue commune aux deux régions, qui constitue un atout facilitant les affaires et le commerce. Deux régions influencées par des colosses économiques : Un marché québécois géographiquement influencé par les États-Unis et une Algérie tournée vers l’Europe.

Les exportations québécoises vers l’Algérie sont en hausse dans les secteurs de l’aérospatiale, des produits laitiers et des véhicules. En parallèle, le secteur agricole, en particulier le soya, représente maintenant une part importante des exportations québécoises vers l’Algérie. Cette dynamique crée des opportunités de développement et de collaboration dans les secteurs technologique et agroalimentaire, générant de nouvelles perspectives économiques pour les deux parties.

Balance commerciale

L’évolution des échanges commerciaux entre le Québec et l’Algérie révèle une transformation progressive des relations économiques entre ces deux régions. Jusqu’en 2018, l’Algérie dominait largement le commerce grâce à ses importations de pétrole brut et d’engrais. Cependant, une réorganisation de l’industrie pétrolière canadienne a marqué un tournant décisif. L’Algérie y a considérablement réduit ses exportations de pétrole brut, une baisse de 95 %, ce qui représente un recul de 1,7 milliard de dollars. Malgré cette baisse, le pétrole demeure une composante majeure des exportations algériennes vers le Québec, comptant encore aujourd’hui pour 75 % du total.

En parallèle, les importations d’engrais ont également connu un recul significatif de 70 %, soit une diminution de 21 millions de dollars pour le Québec. Toutefois, cette baisse ne s’est pas généralisée à l’ensemble du Canada, où les importations ont progressé de 58 % en dix ans, suggérant un redéploiement des flux commerciaux vers d’autres provinces.

L’analyse des tendances de la balance commerciale du Québec, illustrée dans le graphique, confirme cette évolution. En 2015 et 2016, le déficit commercial du Québec avec l’Algérie était considérable, atteignant près de 1,8 milliard de dollars en 2016. Toutefois, à partir de 2018, la balance commerciale s’inverse, coïncidant avec l’émergence de nouveaux créneaux d’imports-exports. Depuis 2019, ce solde commercial est positif, même si les échanges demeurent relativement limités en comparaison du reste du pays.

Pour l’avenir, cette transformation ouvre la voie à une diversification accrue des échanges entre le Québec et l’Algérie. En misant sur des créneaux porteurs, comme les technologies de pointe et l’agroalimentaire, les exportations québécoises pourraient bénéficier de cette dynamique. Couplée à la réorganisation des chaînes d’approvisionnement, cette évolution contribuerait à renforcer les liens économiques bilatéraux sous un nouvel angle, au bénéfice des deux régions.

 

Émergence de nouveaux créneaux

Au cours des dix dernières années, les exportations québécoises vers l’Algérie ont connu une croissance annuelle moyenne de 16 %, passant de 46 millions de dollars en 2015 à 173 millions en 2024.

Quatre secteurs clés dominent ces échanges, contribuant pour une part prépondérante aux exportations totales. En tête, le soya se distingue en occupant à lui seul 50 % des exportations. Vient ensuite la fabrication de produits aérospatiaux et de leurs pièces (catégorie 33641), qui représente 11 % des exportations. En troisième position, les produits laitiers à l’exception des produits congelés (catégorie 31151) représentent 14 % du total. Enfin, les grossistes en automobiles et camions légers neufs et d’occasion (catégorie 41511) complètent le classement avec une part de 7 %.

Stéphane Lacharité, économiste, chargé de cours à L’École de technologie supérieure

Parmi les importations provenant de l’Algérie ayant enregistré une forte progression, notons la mise en conserve, le marinage et le séchage de fruits et légumes (catégorie 31142), qui ont vu leur valeur d’importation en une décennie, passant de 2,5 millions à 8 millions de dollars. De même, la culture de noix et de fruits (hors agrumes) (catégorie 11133) a affiché une croissance annuelle de 19 %, multipliant par cinq la valeur des importations, qui est passée de 670 000 à 3,1 millions de dollars sur la même période.

D’autres produits d’importation, bien que plus marginaux, ont aussi enregistré des hausses remarquables, dépassant une croissance annuelle de 30 %. Parmi eux figurent la fabrication de café et de thé (31 192), la fabrication de gaz industriels (32 512), la fabrication de sucre (31 131) et les vineries (31 213), ce qui témoignent d’une diversification des échanges commerciaux entre les deux pays. Il est à noter que 90 % de ces produits sont destinés au marché québécois.

Le commerce bilatéral du reste du Canada avec l’Algérie

Au niveau national, le commerce entre le Canada et l’Algérie a également connu une hausse significative, avec une croissance annuelle moyenne de 10 %. Trois catégories de produits représentent la majeure partie des exportations canadiennes, totalisant 85 % des échanges vers l’Algérie.

Le blé se maintient comme le principal produit exporté, avec une valeur annuelle oscillant entre 300 et 500 millions de dollars. En parallèle, la culture de pois et de haricots secs (catégorie 11113) ainsi que la fabrication de machines pour le commerce et les industries de service (catégorie 33331) représentent chacune 25 % des exportations canadiennes. Il est à noter que cette dernière catégorie a connu une progression spectaculaire. Elle ne figurait pratiquement pas dans les statistiques en 2015, mais représente désormais 353 millions de dollars d’exportations en 2024.

Ces tendances illustrent la diversification et l’expansion des relations commerciales entre le Canada et l’Algérie. Elles mettent en évidence la montée en puissance de nouveaux secteurs, notamment les exportations agricoles traditionnelles.

*L’analyse repose sur les données de la plateforme « Données sur le commerce en direct » du gouvernement du Canada, en se basant sur la classification des industries selon les codes du SCIAN.

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