Kerstin Kuyken, Directrice du CEEII-UQAM : pourquoi la sensibilisation aux différences culturelles doit être la priorité des entrepreneurs

La forte dépendance des exportations québécoises envers les États-Unis représente un risque majeur. Dans cette entrevue exclusive, Kerstin Kuyken, chercheure et directrice du CEEII de l’UQAM, sonne l’alarme et dévoile la nouvelle stratégie de survie pour les PME : la maîtrise des codes interculturels. Elle explique pourquoi l’événement « À la découverte culturelle », le 1er octobre, est essentiel pour outiller les entrepreneurs et garantir la pérennité de leurs collaborations au-delà du continent américain.
Le centre d’études en Entrepreneuriat International et Interculturel (CEEII) organise, le 1er octobre, au Pavillon de l’Entrepreneuriat et de l’innovation de l’ESG UQAM la conférence « À la découverte culturelle : explorer des avenues de collaborations pour les PME québécoises ». Qu’est-ce qui a motivé le CEEII à organiser cette conférence sur la découverte culturelle et les PME québécoises ?
Kerstin Kuyken : En 2024, 73,6 % des exportations internationales de biens du Québec étaient destinées aux États-Unis (Le calepin du commerce extérieur du Québec, 2025). Bien que les États-Unis constituent un partenaire commercial majeur pour le Québec, cette forte dépendance met en lumière la nécessité stratégique de diversifier les marchés d’exportation et de renforcer les liens avec d’autres régions du monde, notamment l’Europe (6,6 %), l’Asie (10,7 %) et d’autres zones à fort potentiel économique. C’est dans ce contexte que la conférence abordera les pratiques gagnantes et les défis spécifiques rencontrés par les PME québécoises lorsqu’elles développent des collaborations à l’international. Ces résultats proviennent de travaux de recherche menés dans le cadre de projets universitaires, de recherches appliquées en partenariat avec des entreprises, ainsi que d’études de terrain menées par des consultants et experts en interculturalité. Par exemple, les travaux de la chercheure principale et de ses collaborateurs démontrent que la collaboration interculturelle est facilitée par une sensibilisation aux différences culturelles sous-jacentes aux échanges avec les collaborateurs à l’international (Kuyken et al., 2024 ; Tchounou et al., 2025). Cette sensibilité interculturelle s’apprend, et plusieurs compétences communicationnelles et relationnelles peuvent être acquises lors de l’accompagnement entrepreneurial (Kuyken et al., 2025).
Le colloque réunira une diversité de publics, dont des PME québécoises, des chercheurs, des étudiants, des experts, et potentiellement des représentants d’institutions et d’organismes communautaires. Le tout dans un cadre accessible, gratuit, en présentiel, et principalement en français, avec la possibilité d’inclure un ou deux intervenants anglophones.
Le format proposé, fondé sur l’échange et l’interactivité, favorisera l’émergence de nouveaux projets, la circulation de savoirs pratiques et scientifiques, ainsi que le développement de compétences interculturelles. L’implication étudiante, à la fois dans la préparation et le déroulement de l’événement, est un axe fort du projet, soutenu par une volonté de formation et de mentorat intégrée dans toutes les étapes.
Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la mission du Centre d’études en Entrepreneuriat International et Interculturel ?
Effectivement, cette initiative s’inscrit dans la mission assignée au CEEII qui est de produire les connaissances sur l’entrepreneuriat interculturel mais aussi de nourrir les champs de l‘entrepreneuriat international et interculturel par le biais de recherches partenariales.
Quels sont les objectifs concrets que vous espérez atteindre à l’issue de cette conférence ?
Le projet vise ainsi à mettre en lumière des exemples concrets de collaborations entre PME québécoises et partenaires étrangers, illustrant les bénéfices ainsi que les défis liés à l’interculturalité tel que le manque de compréhension des attentes ou liés à la communication verbale et non-verbale, dans le monde des affaires. Il entend également sensibiliser les participants aux enjeux culturels qui peuvent influencer le succès de démarches d’affaires internationales, et leur transmettre des outils pratiques et des stratégies pour mieux anticiper et gérer ces situations.
Le colloque intitulé « À la découverte culturelle : explorer des avenues de collaborations pour les PME québécoises » se tiendra le 1er octobre 2025 au Pavillon de l’UQAM, à Montréal. Il a pour objectif principal de mettre en lumière les collaborations existantes ou émergentes entre les PME québécoises et des partenaires internationaux, en mettant l’accent sur les enjeux interculturels qui accompagnent ces dynamiques de coopération. À travers une série de conférences interactives, de moments de réseautage, et éventuellement de kiosks d’exposition, l’événement vise à :
- Sensibiliser les entrepreneurs aux réalités interculturelles dans les relations d’affaires internationales ;
- Outiller les participants grâce à des retours d’expérience concrets, des témoignages et des partages de bonnes pratiques ;
- Stimuler la création de liens entre les milieux académiques, professionnels et institutionnels dans une optique d’innovation et de développement économique.
Quels outils ou ressources le CEEII propose-t-il pour faciliter ces collaborations ?
Le colloque « À la découverte culturelle » permettra de diffuser, transférer et mobiliser plusieurs types de connaissances issues des recherches en interculturalité et en entrepreneuriat.
Seront également partagés des outils méthodologiques par les biais des conférences académiques et des expositions dans les salles du ‘Parcours d’exploration’, des grilles d’analyse et des stratégies d’adaptation culturelle, permettant aux entrepreneurs et aux professionnels d’anticiper et de mieux gérer les différences culturelles dans leurs démarches d’affaires.
Mieux gérer ces différences culturelles est fondamental, car elles peuvent influencer la qualité des communications, la capacité à établir des relations de confiance, la réussite des négociations, l’adaptation des stratégies commerciales et, finalement, la pérennité des collaborations internationales. Une compréhension fine des codes culturels, des modes de fonctionnement et des attentes permet aux entrepreneurs de réduire les risques d’incompréhension, de prévenir les conflits, d’adapter leur offre aux réalités locales et de maximiser leurs chances de succès sur des marchés internationaux.