À la une

Élections fédérales : La menace américaine prend le pas sur l’immigration

Au moment où la campagne électorale pour les élections fédérales bat son plein, la question de la politique migratoire que mènera le prochain gouvernement suscite des interrogations. Ceci dit, la menace que fait peser l’administration Trump sur l’économie canadienne semble reléguer le dossier de l’immigration au second plan.

Interrogé sur cette question, le directeur du cabinet OKS, et consultant en immigration vers le Canada et, également, conseiller en établissement Sadek Ould-Kaci a estimé que si les Fédéraux seront reconduits, le nouveau Premier ministre Mark Carney « ne touchera pas au dossier de l’immigration. Il maintiendra la politique d’accroitre l’entrée des francophones afin d’essayer d’équilibrer un peu l’équation anglophone vs francophones. D’ailleurs, on le voit en ce moment avec les extractions dans le bassin entrée express francophone ».

Si l’immigration permanente pourrait ne pas être affectée, l’immigration temporaire risque de continuer de subir le coup.

D’ailleurs, dans un message adressé à Mark Carney au lendemain de sa victoire comme chef du Parti libéral du Canada (PLC), le Premier ministre du Québec, François Legault a souhaité voir le leader libéral réduire l’immigration temporaire dans la province s’il est élu Premier ministre.

Le même discours a été tenu par M. Legault qui avait tenu des discussions avec Pierre Poilievre. Il avait alors insisté sur l’importance de tenir tête à Donald Trump, dans le contexte de guerre commerciale.

Sadek Ouled-kaci consultant en immigration
Sadek Ouled-kaci

À la question de savoir si le contexte de guerre commerciale entre Washington et Ottawa et l’approche d’élections fédérales peuvent avoir des conséquences sur la politique migratoire canadienne, notre interlocuteur trouve que « le Canada est en train de voir comment accroître les investissements afin de faire face à cette politique de l’administration Trump ». De ce fait, a-t-il ajouté, « on aura besoin de main-d’œuvre qualifiée afin de faire tourner tous investissements qui se mettent en place. En tout cas, je pense que d’ici un an et demi, voire deux ans, tout rentrera dans l’ordre comme c’était avant ; à moins que d’autres changements majeurs n’y parviennent. »

Les conséquences d’une mauvaise gestion

La gestion du dossier de l’immigration étant un sujet qui dépend de plusieurs facteurs et dont les décisions le concernant sont souvent imprévisibles, le consultant est revenu sur la période post-Covid 19 en estimant que « le gouvernement avait mal géré le dossier de l’immigration post-covid 19. Car par crainte que les entreprises canadiennes ferment pour faute d’employés, IRCC a ouvert les vannes au maximum pour recevoir les étrangers avec des visas touristiques en quête de permis de travail fermés, alors qu’en temps normal, un touriste ne peut pas faire un changement de statut sur le sol canadien sauf pour quelques exceptions », a-t-il rappelé. Selon M. Ould Kaci, il se trouve que cette ouverture a eu son bénéfice comme elle a fait des dégâts aussi.

«Des entreprises ont été sauvées mais d’autres ont profité de cette manne pour créer le business de la traite d’êtres humains : vente de contrats frauduleux par certaines entreprises, avocats et consultants en immigration ou bien tout simplement des individus ont agi sans aucune autorisation à faire du recrutement à l’international. »

Cette situation, relate notre interlocuteur, a créé une hausse des prix des logements locatifs qui ont pratiquement doublé, car avec l’arrivée des nouveaux résidents permanents de 2020, 2021 et 2022 en même temps en plus de ceux qui ont le visa et les permis de travail fermés, les logements sont devenus très rares et les vendeurs de sommeil ont enfreint à toutes les lois en louant des maisons insalubres à des prix exorbitants. Cette situation a aussi poussé, regrette M. Ould Kaci, certaines entreprises à recruter exclusivement des travailleurs étrangers avec des permis de travail fermés afin d’en faire dans l’exploitation, car ils savent que sans eux ils n’ont pas le droit de travailler ailleurs en leur donnant des salaires très bas par rapport au marché du travail, des heures supplémentaires souvent non payées en plus des menaces de les expulser.

Hafid M

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page