Le Canada lance sa première stratégie pour l’Afrique

L’incertitude continue que fait planer la nouvelle administration américaine sur l’économie et les échanges commerciaux avec le Canada fait bouger les lignes et semble faire réagir le gouvernement fédéral et le pousse à chercher plus loin que ses frontières sud.
Parmi les partenaires avec lesquels Ottawa dit vouloir renforcer ses liens et lancer une nouvelle dynamique, le continent africain semble être le plus indiqué.
En effet, un communiqué émanant du département des Affaires mondiales a fait savoir mercredi 6 mars que le Canada a lancé sa première stratégie pour l’Afrique.
Il s’agit, selon le texte, d’un partenariat qui vise à promouvoir une « prospérité et une sécurité partagées », conçue pour renforcer la collaboration entre le Canada et l’Afrique en mettant l’accent sur plusieurs domaines clés, dont le développement économique durable, la paix et la sécurité, le respect des droits de la personne, ainsi que la réponse aux défis mondiaux comme les changements climatiques.
Sur ces questions, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a expliqué que « dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l’Afrique, nous ouvrons la voie à la diversification du commerce et créons des moyens concrets pour que nos entreprises réussissent en Afrique ». Et d’ajouter : « Cet engagement ne consiste pas seulement à réaliser des gains économiques ou à apporter une aide, mais aussi à construire un avenir où le Canada et l’Afrique prospèrent « ensemble ». »
Développée sur deux ans avec des consultations internationales et africaines, cette stratégie se base sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Elle prévoit de multiplier les opportunités économiques, de renforcer les partenariats en matière de sécurité, de développer des projets en santé et en éducation, et de soutenir les initiatives de gouvernance.
Le Canada investira également dans des projets spécifiques en Afrique, comme la protection des populations soudanaises, la lutte contre l’extrémisme violent, et la promotion de la stabilité dans des régions telles que le Sahel. Il prévoit aussi de renforcer son engagement diplomatique et commercial, avec la création de nouveaux bureaux et un soutien à la diaspora africaine au Canada.
Plus concrètement, et afin de soutenir les initiatives de développement qui favorisent un environnement commercial et d’investissement plus solide, le Canada a annoncé la création d’un nouveau programme de commerce et de développement en Afrique, au sein des Affaires mondiales Canada.
Le Canada planifie, ajoute le communiqué, l’ouverture d’un bureau FinDev (Institution de financement du développement du Canada) en Afrique du Sud.
Pour avoir un aperçu du volume et de la qualité du partenariat canado-africain, les données fédérales font ressortir que la diaspora africaine du Canada compte 1,3 million de personnes et elle ne cesse de croître.
En termes de commerce, la valeur des échanges de marchandises entre le Canada et les pays africains s’élevait en 2024 à 15,1 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de près de 30 % sur 5 ans.
Beaucoup reste à faire !
Malgré les efforts et les chiffres annoncés, beaucoup de progrès reste à faire pour rehausser les relations entre le Canada et l’Afrique. C’est du moins l’opinion de la Chambre du Commerce Canada Afrique (CCCA) qui a adressé le mois dernier une lettre ouverte au gouvernement canadien et à l’IRCC.
Dans sa communication, la chambre fait état de « refus massifs de visas, salons d’affaires désertés, millions perdus », et se pose la question de savoir si le Canada n’était-il pas « en train de saboter son attractivité économique ? »
Des chiffres à l’appui, elle indique qu’en 2023, plusieurs salons d’envergure ont connu une baisse de participation de plus de 30% en raison de difficulté d’obtention de visas et que près de 50% des participants étrangers à certains forums économiques ont vu leur visa refusé.
Conséquence de ces obstacles, des nombreux investisseurs réorientent leurs capitaux vers d’autres pays, interpelle la CCCA qui appelle à agir d’urgence.
Hafid M.