Professeur & Directeur de recherche Université Abderrahmane Mira de Béjaïa (Algérie)Les économies africaines : Potentialités et défis. Quelles opportunités et marges de manœuvre pour le Canada ?
Dans une chronique publiée le 19 novembre 2019 dans « Les Echos », quotidien français d’information économique et financière, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes [1], annonçait en titre : « L’avenir, c’est l’Afrique ». Dans son texte, il précise que le continent africain possède d'énormes potentialités en termes de ressources minières, agricoles, démographiques… Mais, ajoute-il, pour prendre toute sa place dans l'économie mondiale, l'Afrique a besoin d'investissements massifs dans les infrastructures et dans la formation.

Dans le même registre, Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), déclare lors de la réunion inaugurale de l’initiative mondiale des entreprises africaines le 18 septembre 2022 à New York que l’Afrique est un continent au potentiel énorme malgré les crises et les défis qui l’affectent. Il a noté que tous les secteurs de l’économie africaine sont en croissance – de l’industrie à l’agriculture, des services à la finance – ; la population jeune du continent représente une main-d’œuvre dynamique et un énorme marché de consommateurs et d’entreprises ; et l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) accélérera encore les opportunités d’investissement et de commerce. Il a, toutefois, rappelé que l’Afrique est confrontée à d’énormes vents contraires et à des crises dont elle n’est pas responsable, citant la COVID19, la crise climatique, la guerre en Ukraine, les inégalités croissantes, la crise du coût de la vie, le recul en matière d’objectifs de développement durable et un système financier mondial qui pénalise l’Afrique et nécessite une réforme de fond.
Il ressort de ces déclarations que le « nœud gordien » des économies africaines réside, en grande partie, dans la parcimonie des flux financiers et des investissements directs étrangers (IDE) qu’elles reçoivent, comparativement à d’autres régions du monde qui en obtiennent beaucoup plus. En effet, les pays développés destinent prioritairement leurs financements et leurs IDE vers les pays développés, ensuite vers les pays en développement (PED) et en dernier lieu vers les pays à faibles revenus. Et, le Canada n’est pas en reste.
Dans ce « papier », nous analyserons, d’abord, les performances et le potentiel des économies africaines à travers les rapports de certaines institutions et organisations internationales et régionales. Nous examinerons, ensuite les défis qu’elles doivent affronter pour mieux attirer les financements et les IDE. Nous explorerons, enfin, les opportunités qui s’offrent au Canada pour investir davantage en Afrique.
1. Performances et potentiel des économies africaines
L’Afrique est un continent qui couvre 6 % de la surface de la terre et 20 % de la surface des terres émergées ; sa superficie est de 3 0415 873 km2 avec les îles, ce qui en fait la troisième mondiale ; sa population de 1,3 milliard d’habitants classe l’Afrique comme deuxième continent du monde après l’Asie et représente 17,2 % de la population mondiale en 2020 [2]
Selon le dernier Rapport annuel de la Conférence des Nations Unies pour le Développement (CNUCED), l’Afrique n’a reçu que 4 % (53 milliards USD) des IDE mondiaux qui avaient atteint 1332 milliards USD en 2023, contre 46,6 % (621 milliards USD) pour l’Asie, 27,1% (361 milliards USD) pour l’Amérique du Nord et 14,5 % (193 milliards USD) pour l’Amérique Latine et les Caraïbes durant la même année. L’Europe n’en a reçu que 16 milliards USD (1,2 %) du reste du monde mais les pays européens investissent beaucoup dans leur propre continent.

Le dernier Rapport de la Banque africaine du Développement (BAD), relatif aux perspectives économiques en Afrique en 2024 et ayant pour thème « Impulser la transformation de l’Afrique par la réforme de l’architecture financière mondiale », nous renseigne un peu plus sur les économies africaines. Ainsi, apprend-on, la plupart des économies africaines ont fait preuve d’une résilience remarquable malgré des défis structurels bien ancrés et une sensibilité aux chocs exogènes, notamment la persistance des prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie en raison des effets durables de la guerre en Ukraine, la montée des tensions géopolitiques, les effets des changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes sur la productivité agricole et la production d’électricité, ainsi que des poches d’instabilité politique et des conflits.
Dans ce contexte, les estimations de la BAD indiquent que la croissance moyenne du Produit Intérieur Brut (PIB) réel de l’Afrique s’est ralentie, passant de 4,1% en 2022 à 3,1% en 2023, occasionnant ainsi un ralentissement de la dynamique de la reprise économique, les chocs successifs ayant affaibli les progrès réalisés après la pandémie.

Cependant, malgré la persistance de « vents contraires », 15 pays ont enregistré un taux de croissance d’au moins 5 % en 2023. Il s’agit de : RDC (7,5 %), Djibouti (7,3 %), Ethiopie (7,1 %), Kenya (5,2 %), Rwanda (8,2 %), Tanzanie (5,3 %), Maurice (7 %), Mozambique (5 %), Zambie (5,8 %), Zimbabwe (5 %), Benin (6,4 %), Côte d’Ivoire (6,5 %), Gambie (5,6 %), Guinée (5,7 %) et Togo (5,6 %). La Lybie a réalisé 12,6 % contre – 3,7 % en 2022, sa croissance erratique s’expliquant par le conflit interne qui dure depuis 2011.
Bien que trois des plus grandes économies du continent enregistrent des taux de croissance plus faibles du PIB réel, plus de la moitié (31) des pays africains ont eu en 2023 des taux de croissance du PIB réel supérieurs à ceux de 2022. En fait, pour 6 d’entre eux, dont le Burkina Faso, Djibouti, Eswatini, la Libye, la République du Congo et le Soudan du Sud, les différences entre 2022 et 2023 dépassent 2 points de pourcentage.
En revanche, les prévisions pour 2024–2025 sont prometteuses, car les conditions économiques mondiales s’améliorent, ce qui permet d’espérer un rebond et une croissance économique soutenue dans toute l’Afrique. La croissance du PIB réel devrait atteindre 3,7 % en 2024 et se consolider à 4,3 % en 2025. Cette résilience est généralisée, ce qui permet à l’Afrique de rester la deuxième région du monde en termes de croissance.
Pour étayer cela, la BAD annonce que 40 pays devraient afficher une croissance plus élevée en 2024 qu’en 2023, et 15 devraient connaître une croissance supérieure à 5 % en 2024. En outre, 10 pays africains figureront parmi les 20 économies à la croissance la plus rapide au monde, une tendance qui se maintient depuis plus d’une décennie. En outre, au cours des quatre décennies précédant la période COVID-19, le PIB réel de l’Afrique a augmenté en moyenne de 3,8 % par an, dépassé seulement par l’Asie en développement.
Néanmoins, cette croissance économique a été insuffisante pour compenser le retard de l’Afrique, la croissance démographique étant plus rapide, ce qui maintient le PIB par habitant faible. De ce fait, la structure de la plupart des économies africaines n’a pas beaucoup changé depuis les années 1990, les secteurs traditionnels continuant à être le moteur de la croissance et de l’emploi en Afrique. De plus, la transformation structurelle observée sur le continent ne s’est pas accompagnée d’un niveau élevé d’industrialisation. Elle reflète plutôt la réaffectation des activités économiques et de l’emploi de l’agriculture vers d’autres secteurs relativement peu productifs, notamment dans les services personnels et de détail, plutôt que vers une industrie manufacturière plus productive.
Bien qu’elle représente 42 % de la main-d’œuvre du continent, la productivité du secteur agricole est encore inférieure de 60 % à la productivité moyenne de l’économie. Selon la BAD, un moyen prometteur d’améliorer la productivité agricole consiste à créer des zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ). Outre l’industrie manufacturière, la croissance axée sur les services peut également jouer un rôle essentiel, en fournissant une approche holistique de la transformation structurelle.
Pour accélérer sa transformation structurelle et rattraper les pays en développement très performants d’autres régions, la BAD préconise que l’Afrique devra donner la priorité aux investissements dans les domaines clés des objectifs de développement durable – l’éducation, l’énergie, la productivité et les infrastructures. Il ne sera pas facile de mobiliser les ressources nécessaires pour combler le déficit de financement annuel estimé à 402 milliards d’USD pour des investissements stratégiques dans ces domaines.
Malgré la récente reprise des recettes, l’Afrique dispose toujours d’une marge de manœuvre budgétaire limitée, exacerbée par des paiements élevés au titre du service de la dette. Le développement de la capacité fiscale et la stimulation des investissements du secteur privé dans les secteurs critiques seront essentiels pour mobiliser les ressources colossales nécessaires à la transformation structurelle de l’Afrique.
Toutefois, les ressources nationales ne suffiront pas à elles seules à financer l’ambitieux programme de transformation de l’Afrique. Il faudra que le système financier international donne une impulsion supplémentaire en créant une voie durable pour la participation significative de l’Afrique aux décisions d’allocation des ressources afin de débloquer des ressources vitales pour ces investissements.
Cet objectif ne peut être atteint que par la mise en œuvre de réformes urgentes visant à faire évoluer l’architecture financière mondiale vers un système plus équitable et plus transparent. Seul un tel système peut aider à fournir des ressources à grande échelle et à des conditions compétitives, plutôt que de condamner les pays en développement, et en fait le continent, à une dette perpétuelle et au piège de la pauvreté. Ainsi, la modification des modèles de financement des banques multilatérales de développement (BMD) et des institutions financières internationales devrait être une priorité absolue des réformes, selon certaines voix autorisées (ONU, FMI, BAD, pays d’Afrique, etc.).
A titre d’exemples, l’Organisation des Nations Unies (ONU), par la voix de son secrétaire général a déjà souligné la nécessité d’une réforme de fond du système financier mondial (voir introduction) et le Groupe de la BAD a même formulé des propositions de réforme des BMD et des droits de tirage spéciaux du FMI, des pays avancés vers les BMD, afin de stimuler les prêts aux pays en développement, en particulier ceux d’Afrique (voir plus haut). De même, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva, dans une adresse datant du 18 mai 2021 [3], juste après la pandémie de la COVID-19, avertit qu’il est urgent de placer le financement de l’Afrique au centre des préoccupations en augmentant le financement bilatéral et multilatéral du développement, en allégeant la dette et en agissant, sur le plan intérieur, par des réformes porteuses de transformations.
En lançant l’appel aux réformes, les pouvoirs publics du continent doivent aussi prendre des mesures complémentaires. L’Afrique est un continent riche en minéraux essentiels et en métaux rares, et l’utilisation de ces vastes ressources peut financer son ascension vers une trajectoire de revenus plus élevés. Investir dans les capacités institutionnelles pour renforcer les administrations fiscales – notamment en développant l’utilisation de la technologie numérique, en luttant contre les flux financiers illicites et en réformant les politiques fiscales – sera essentiel pour améliorer la mobilisation des ressources nationales.
En outre, l’adaptation des réformes institutionnelles locales aux nouveaux défis permettra de débloquer des ressources pour favoriser un développement économique inclusif et accélérer la transformation structurelle dans un environnement mondial fragile.
2. Défis et opportunités des économies africaines
Les défis des économies africaines sont nombreux et variables d’une région à une autre. On peut citer :
Le défi démographique
Le continent africain est en forte croissance démographique : sa population est estimée à environ 1,4 milliard d’habitants en 2023, soit près de 18 % de la populations totale mondiale, avec un taux de croissance annuel moyen de 2,3 et un indice synthétique de fécondité de 4,15 naissances par femme, contre 2,31 au niveau mondial. La population de l’Afrique devrait atteindre 1,69 et 2,5 milliards respectivement en 2030 et 2050 (UNDESA, 2022) [4].
En outre, près de 60 % de la population africaine a moins de 25 ans (environ 864,9 millions), ce qui fait de la région le continent le plus jeune du monde. Cette croissance est attribuée à une fécondité élevée associée à une baisse de la mortalité infantile (City Alliance, 2020. « La population jeune africaine en plein essor : potentiel ou défi ? ») [5].
Dès lors, autant le dividende démographique constitue un défi majeur pour les pouvoirs publics si rien n’est entrepris pour prendre en charge cette jeune population, autant son exploitation par des politiques et des investissements appropriés dans l’éducation, l’emploi et la santé et la mise en place de structures de gouvernance inclusives auront des externalités positives sur le développement des pays.
En outre, la question démographique engendre de nombreux défis pour le développement : sous-alimentation, structures sanitaires défaillantes, forte taux d’analphabétisation, inégal accès à l’éducation selon le sexe, logements informels, etc. De plus, l’urbanisation est rapide, touche l’ensemble du continent et se concentre sur les côtes (on parle de littoralisation). Selon les projections de l’ONU, l’Afrique comptera 745 millions de citadins en 2030, soit 48 % de sa population totale.

L’évolution démographique selon le continent montre, par exemple, qu’en une trentaine d’années (2019-2050), la population africaine progressera de 90 %, contre 36 % pour l’Océanie, 16 % pour l’Amérique du Nord, 15 % pour l’Asie, 11 % pour l’Amérique latine et Caraïbes, – 5 % pour l’Europe et 26 % pour le Monde.

Le Top 10 des pays les plus peuplés d’Afrique en 2100 montre que le Nigeria vient en tête du classement avec une population de 732,942 millions d’habitants contre l’Afrique du Sud 79,191 millions d’habitants, dixième du classement.
L’instabilité politique, les conflits et la gouvernance
L’Afrique est marquée par des modes de gouvernance instables, généralement guidés par la volonté de contrôler la rente issue de l’exploitation des ressources naturelles, ce qui engendre des comportements inhérents à la corruption. De nombreux pays sont gouvernés par des régimes autoritaires ou souffrent de l’absence de structure étatique. Cette instabilité politique entraîne des conflits et des flux migratoires importants. Le continent est frappé par des conflits de types différents : conflits pour les ressources, ethniques et frontaliers. L’instabilité politique, la corruption et les conflits constituent des freins au développement car ils ne favorisent pas les IDE et aggravent les difficultés de la population.
A titre d’illustration, l’indice de perception de la corruption (IPC) de 2023 montre des résultats mitigés en Afrique, avec des améliorations significatives dans quelques pays [6]. Néanmoins, la plupart des pays africains stagnent et le score global de la corruption reste faible. En effet, la moyenne régionale n’a pas changé : 33 sur 100. Quatre-vingt-dix pour cent des pays d’Afrique subsaharienne ont obtenu un score inférieur à 50 et ont donc encore un long chemin à parcourir dans leur lutte contre la corruption. Les Seychelles (score IPC : 71) restent le meilleur élève de la région, suivies par le Cap-Vert (64) et le Botswana (59). La Guinée équatoriale (17), le Soudan du Sud (13) et la Somalie (11) obtiennent les résultats les plus faibles, sans aucun signe d’amélioration.

L’opportunité des ressources naturelles
Dans la page d’accueil du site web du groupe de la BAD, consignant les assemblées annuelles 2023 tenues à Charm El Cheikh et ayant pour thème « les immenses ressources du capital naturel doivent être transformées en richesses pour financer la croissance verte en Afrique », on peut y lire : « L’immense potentiel du continent africain en ressources naturelles est sans commune mesure, et de loin, avec les retombées que l’Afrique en tire actuellement. Le capital naturel africain est constitué de masses d’eau douce, d’immenses ressources forestières, de gisements de minerais… sans compter le soleil et l’énergie éolienne » [7].

Pour sa part, le vice-président de la Banque africaine de développement pour l’Électricité, l’Énergie, le Changement climatique et la croissance verte, M. Kevin Kariuki, pose les enjeux en déclarant : « Le continent dispose d’un capital humain avec la population la plus jeune du monde comptant 60 % de personnes de moins 25 ans. Environ 75 % des pays africains ont accès à la mer, ce qui offre un énorme potentiel pour une économie bleue qui pourrait contribuer à l’économie mondiale potentiellement à hauteur d’environ 1,5 billion de dollars. »[8]
L’Afrique possède énormément de ressources naturelles, qu’il s’agisse de terres arables, d’eau, de pétrole, de gaz naturel, de ressources minérales, de forêts et de faune et flore sauvages. Le continent africain abrite une grande proportion des ressources naturelles mondiales, aussi bien renouvelables et non renouvelables. Ainsi, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUE) [9], à l’échelle mondiale, l’Afrique détient environ 30 % des réserves de ressources minérales, 8 % du gaz naturel et 12 % des réserves de pétrole. Le continent abrite 40 % de l’or de la planète et près de 90 % des réserves mondiales de chrome et de platine. Les plus grandes réserves de cobalt, de diamant, de platine et d’uranium du globe se trouvent en Afrique. Cette dernière concentre 65 % des terres arables et 10 % des sources continentales d’eau douce renouvelable à l’échelle mondiale. En outre, le capital naturel représente entre 30 et 50 % de la richesse nationale de la plupart des pays africains. Les moyens de subsistance de plus de 70 % des personnes vivant en Afrique subsaharienne dépendent des forêts et des terres boisées.
L’opportunité de la ZLECAf
Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, la ZLECAf a désormais pour défi de devenir effective sur le terrain, surtout compte tenu des obstacles qui se dressent devant elle.
Ultime projet de marché unique du continent africain, censé propulser le continent africain sur la scène mondiale, la ZLECAf vise à rassembler 1,3 milliard de potentiels consommateurs pour un PIB estimé à 3400 milliards USD. Dans le cadre de l’accord qui l’a créée, les pays membres se sont engagés à éliminer progressivement 90 % des lignes tarifaires au cours des cinq à dix prochaines années, afin de créer une véritable zone de libre-échange. Seulement 7% de ces lignes jugées « sensibles » feront l’objet de négociations spéciales, tandis que 3% ne seront pas comprises dans le processus de libéralisation.
Selon la Banque mondiale [10], la ZLECAf pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l’extrême pauvreté 30 millions d’habitants et d’accroître le revenu de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 USD par jour.
L’un des principaux défis concernant sa mise en œuvre est la réalisation des infrastructures nécessaires pour faciliter l’interconnectivité des différents marchés dans la sphère économique africaine. D’après la BAD, le continent a besoin en moyenne de 170 milliards USD par an pour combler son déficit infrastructurel. Hormis cela, l’autre principal défi qui se pose aux dirigeants africains est celui de l’harmonisation de leurs intérêts parfois divergents en matière commerciale. C’est pourquoi, selon Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf, il faut commencer par les pays qui sont prêts, pariant sur le fait que d’autres suivront
3. Opportunités et marges de manœuvre d’investissement en Afrique pour le Canada
Sur le site web du gouvernement du Canada [11], dans la rubrique des affaires mondiales, une note de Marie-Eve Yergeau datant du 29 juillet 2019 et s’appuyant sur les données de la CNUCED nous apprend que, durant la période 1980-2017, le stock mondial d’IDE entrant se dirige prioritairement vers les pays à revenu élevé, puis vers ceux à revenu intermédiaire supérieur, avant d’aller vers les pays à revenu intermédiaire inférieur et enfin vers ceux à revenu faible.

Dans la même note, elle nous apprend également, en se référant toujours aux données de la CNUCED, que la part du Canada dans le stock total d’IDE sortants des pays du G7 dirigé vers l’Afrique, durant la période 2011-2017, est la plus faible, à l’exception de 2017 où il a dépassé la part du Japon.

Néanmoins, dans une autre note du Gouvernement du Canada datant du 10 octobre 2023 consignant les actes de la conférence « Accélérer l’Afrique »[12], la ministre de la Promotion des exportations, du Commerce international et du Développement économique, Mary Ng, affirme que le volume d’IDE canadiens (IDEC) en Afrique a connu une croissance annuelle de 12,5 % de 2018 à 2022, atteignant une valeur de 15,7 milliards de dollars canadiens en 2022. Cette progression montre l’intérêt de plus en plus grand qu’accorde le Canada à l’Afrique, même si cela ne représente encore qu’une infime partie de ce qu’il investit dans le reste du monde.
A titre d’illustration, en 2018, les cinq pays à revenu élevé détenant la part d’IDEC la plus élevée sont : les Etats-Unis (46,16 %), le Royaume-Uni (8,48 %), le Luxembourg (6,99 %), Barbade (5,03 %) et Bermudes (3,65 %) alors que les cinq pays à revenu faible détenant la part d’IDEC la plus élevée, durant la même année, totalisent moins de 0,3 %, à savoir : Burkina Faso (0,14 %), Sénégal (0,08 %), Tanzanie (0,03 %), Erythrée (0,03 %) et Ethiopie (0,01 %)[13]. C’est dire combien la marge de manœuvre est importante pour le Canada, sachant le potentiel de plus en plus important que représente le continent africain et les convoitises d’autres pays comme la Chine et la Russie lui réservent.
[1] Le Cercle des économistes est un cercle de réflexion, fondé en France en 1992 à l’initiative de Jean- Hervé Lorenzi, qui réunit trente économistes et universitaires et organise depuis 2001 un forum économique dans la ville d’Aix-en-Provence sous l’appellation « Les rencontres économiques d’Aix-en-Provence ».
[2] Wikipédia, consulté le 4 septembre 2024.
[3] Voir document complet in Afrique : Financement des économies africaines – Observations de la Directrice générale en séance plénière – allAfrica.com.
[4] In 3ème édition de la Conférence CNT Afrique : Focus sur le dividende démographique, l’économie générationnelle et le développement durable en Afrique | Nations Unies Commission économique pour l’Afrique (uneca.org).
[5] Ibid.
[8] Ibid.
[9] L’action du PNUE en Afrique | UNEP – UN Environment Programme.
[12] La ministre Ng conclut sa participation à la conférence Accélérer l’Afrique – Canada.ca.