L'entracte de Tarik Aït Menguellet
AuteurLa Fortune est fille de son temps

« Si la fortune vous sourit, détournez le regard. Vous éviterez ainsi son pied de nez. »
Anonyme
La Fortune est pareille à une grande dame imprévisible qui se balade à sa guise, allant de-ci de-là, dans les rues de notre existence comme une touriste indécise, prête à entrer chez nous… ou pas. On la guette, on la supplie, on lui tend des pièges subtils, mais elle n’a qu’une règle : elle fait ce qu’elle veut. Autant s’y prendre à la manière d’un grand séducteur qui fait mine de ne pas s’y intéresser. Ou alors, en professionnel de la vente en lui proposant des breloques comme le firent jadis les conquistadors avant de montrer les crocs. Mais tout celà reste tributaire de l’arbre de la destinée, qui donne les fruits du hasard.
Si, par un heureux hasard justement – ou un bug dans son algorithme cosmique – la fortune daigne franchir le seuil de votre porte, il ne faut pas faire dans la demi-mesure. Pas de « Oh, il ne faut pas trop en faire, il ne faut pas paraître trop gourmand », ni de « Je vais économiser prudemment en prévision de septs vaches maigres ». Non ! On l’invite, on profite de sa présence, et on la présente à tout le voisinage lors d’une fête où l’on aura sacrifié sept vaches bien grasses. Parce que, soyons clairs, elle peut aussi bien repartir aussi vite qu’elle est venue, comme un pigeon voyageur qui délivre un message.
Mais imaginons un miracle : la Fortune s’installe chez vous et pose ses pénates sur vos étagères, enlève ses chaussures et réclame des pantoufles. Pas pour un séjour express, mais pour une colocation à durée indéterminée. Vous vous dites alors : « C’est bon, je suis tranquille, elle va rester à mes côtés pour toujours ! »
Si, par un heureux hasard justement – ou un bug dans son algorithme cosmique – la fortune daigne franchir le seuil de votre porte, il ne faut pas faire dans la demi-mesure. Pas de « Oh, il ne faut pas trop en faire, il ne faut pas paraître trop gourmand », ni de « Je vais économiser prudemment en prévision de septs vaches maigres ». Non ! On l’invite, on profite de sa présence, et on la présente à tout le voisinage lors d’une fête où l’on aura sacrifié sept vaches bien grasses. Parce que, soyons clairs, elle peut aussi bien repartir aussi vite qu’elle est venue, comme un pigeon voyageur qui délivre un message.
Mais imaginons un miracle : la Fortune s’installe chez vous et pose ses pénates sur vos étagères, enlève ses chaussures et réclame des pantoufles. Pas pour un séjour express, mais pour une colocation à durée indéterminée. Vous vous dites alors : « C’est bon, je suis tranquille, elle va rester à mes côtés pour toujours ! »
Erreur. Aussi solide soit son installation, elle conserve un esprit volage. Vous pouvez vous montrer généreux et en faire profiter tout le monde, elle ne s’épuisera pas. Et pas de gentillesse à outrance, pas de câlineries ni de massage des pieds; nul besoin, elle est insensible.
En revanche, si vous devenez grippe-sou et l’attachez avec des chaînes de radinerie, ne croyez pas qu’elle va se laisser faire. La Fortune ne répond ni à l’obséquiosité, ni à la tyrannie.
En somme, cette corne d’abondance, qui s’ouvre et se ferme plus vite que la soupape d’un orgue, a ses propres caprices : elle vient, elle s’en va, et vous n’y pouvez rien. Alors, autant l’accueillir avec un banquet quand elle passe et lui offrir un au revoir digne quand elle s’envole. Après tout, la vie est trop courte pour courir après une ombre, et c’est même l’ombre que l’on poursuit qui se mettra à vous suivre dès que vous faites volte-face.
En somme, cette corne d’abondance, qui s’ouvre et se ferme plus vite que la soupape d’un orgue, a ses propres caprices : elle vient, elle s’en va, et vous n’y pouvez rien. Alors, autant l’accueillir avec un banquet quand elle passe et lui offrir un au revoir digne quand elle s’envole. Après tout, la vie est trop courte pour courir après une ombre, et c’est même l’ombre que l’on poursuit qui se mettra à vous suivre dès que vous faites volte-face.
Il reste cependant à déterminer ce qu’est la Fortune, puisqu’elle change selon les époques, selon les personnes, et selon l’espace. Si pour la plupart, elle est synonyme de pognon, de flous, d’oseille, de thune, de fric, de blé, elle peut simplement être la sensation de sécurité dans un pays en guerre; quelque chose à manger dans un pays en guerre et enclavé; un endroit où vivre décemment dans un pays en guerre, enclavé et en ruine… Un sourire, dans un pays qui ne veut pas de vous… Une tape sur l’épaule, dans un pays qui ne veut plus de vous…
Je vous livre ce texte d’une sagesse ancienne en guise de conclusion:
« Si la Fortune, passant un jour devant la porte, la franchissait, saisis-la et, sans crainte, jouis-en à ta guise et fais-en profiter la foule de tes amis, car elle peut réussir à te glisser des mains.
Mais si elle a décidé d’élire chez toi un domicile ferme, tu peux en user largement, car ce n’est point ta générosité qui l’épuisera ; et si elle a résolu de s’en aller, ce n’est point l’avarice qui la retiendra. »
« Si la Fortune, passant un jour devant la porte, la franchissait, saisis-la et, sans crainte, jouis-en à ta guise et fais-en profiter la foule de tes amis, car elle peut réussir à te glisser des mains.
Mais si elle a décidé d’élire chez toi un domicile ferme, tu peux en user largement, car ce n’est point ta générosité qui l’épuisera ; et si elle a résolu de s’en aller, ce n’est point l’avarice qui la retiendra. »
T.A.M.