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Rencontre avec Sihem Neggaz : une Algérienne au cœur de l’entrepreneuriat québécois

Sihem Neggaz qui occupe actuellement le poste de la directrice générale adjointe du réseau des Femmes d’Affaires du Québec (RFAQ) est l’une des figures influentes dans le milieu des affaires  québécois. Son engagement pour le développement économique et social de la diaspora algérienne est à saluer. Dans cette rencontre, elle revient sur son parcours inspirant et ses réflexions sur l’importance de l’engagement communautaire et entrepreneurial.

De prime abord, qui est Sihem Neggaz ?

Sihem Neggaz est une femme d’origine Algérienne qui a grandi et étudié à Alger. Fille d’un père médecin et d’une mère avocate, très jeune, des valeurs de résilience et de détermination étaient inculquées pour prendre sa place à l’école et réussir. Le syndrome de « première de classe » était présent et très nourri dans sa culture familiale.  Mes parents voulaient que mes sœurs et moi soient d’excellentes bilingues (français-arabe), alors nous avions toujours des cours supplémentaires les weekends pour parfaire nos connaissances dans les deux langues. Je peux te dire que nous n’étions pas toujours partantes et contentes d’y aller.

Les valeurs de responsabilités étaient aussi très présentes. (Les enfantillages n’étaient pas trop permis, (rire)). Pour finir, j’ai grandi dans un environnement ou la valorisation de la connaissance était très importante; les arts, la culture et la lecture étaient omniprésents, et ils ont conduit à façonner ma personnalité d’adulte.

 Vous étiez en Algérie avant d’opter pour le Canada. Pourquoi le choix d’entamer une nouvelle carrière professionnelle est jeté sur le Canada ?

Je suis arrivée au Québec dans ma jeune vingtaine, fraichement mariée et diplômée de l’école polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU), je n’avais aucune idée de la suite des choses.  J’ai pris la décision de continuer mes études en maitrise à l’université de Montréal afin de mieux réussir mon intégration, sociale et professionnelle. Un diplôme qui m’a ouvert plusieurs portes et de belles opportunités…

Sihem Neggaz directrice générale adjointe de RFAQ avec le premier ministre Justin Trudeau
Sihem Neggaz directrice générale adjointe de RFAQ avec le premier ministre Justin Trudeau

Avant d’occuper des postes de responsabilités au Réseau des Femmes d’Affaires au Québec (RFAQ), vous étiez dans le milieu des affaires. Avez-vous déjà en tête, à votre arrivée, de vous lancer en affaires ?

J’ai toujours eu cette étincelle entrepreneuriale. A 18 ans, je peignais sur des foulards en soie que je vendais à toutes les collègues de ma mère au bureau. En arrivant au Québec, je n’avais jamais pensé à l’entrepreneuriat car mes aspirations étaient de pouvoir travailler et réussir dans une société que je ne connaissais pas. J’avais mis la barre très haute pour la jeune femme inexpérimentée que j’étais.

 On parle beaucoup, ces temps-ci, de la diaspora algérienne vivant à l’étranger, et de ses capacités à donner un plus aux efforts de recherche et de développement déployés en Algérie. Concrètement, quel apport pourrait donner cette diaspora à l’Algérie ?

Je pourrais te parler longtemps de ce sujet, mais je vais te donner les grandes lignes de ma réflexion. Je suis convaincue que l’apport de la diaspora Algérienne peut se décliner tant au niveau économique, social et éducatif que culturel (plusieurs efforts se font actuellement dans ce sens). Nous ne sommes pas juste des expatriés, mais aussi des piliers solides au développement économique du pays. La recherche a besoin de fond, les membres de la diaspora envoient régulièrement de l’argent à leurs familles en Algérie, ce qui contribue de manière substantielle à l’économie locale. Cet effort peut être déployé via un fond de recherche spécial par exemple à l’encontre de certains domaines nécessitant une aide. Par ailleurs, tout n’est pas une question monétaire, mais souvent d’expertise spécifique. Il y a un savoir-faire incommensurable des membres de la diaspora qui peut être mis à contribution. Les Algériens de la diaspora partagent souvent leurs compétences et leurs connaissances avec les institutions éducatives en Algérie. Cela peut se faire à travers des programmes d’échange, des conférences et des collaborations académiques. Le transfert de compétence et de savoir-faire reste un des apports les plus cruciaux pour soutenir la recherche en Algérie.

En Algérie, plusieurs femmes se distinguent dans leurs carrières professionnelles. Le climat d’affaires aidant, ces dernières sont davantage à la tête de plusieurs entreprises privées ou publiques. D’autres veulent se lancer dans l’entreprenariat.  Quels sont les conseils que vous donneriez aux femmes algériennes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Je dis go!! L’entrepreneuriat féminin reste encore dans le déclin et pas juste en Algérie. L’Algérie est un terreau magnifiquement fertile pour l’entrepreneuriat féminin.

Sihem Neggaz directrice générale adjointe de RFAQ avec l'ex président américain Barack Obama
Sihem Neggaz avec l’ex président américain Barack Obama.

La femme algérienne est une femme qu’on responsabilise très jeune et dont la conscience entrepreneuriale est présente, mais qui manque souvent d’audace car notre culture sociale nous freine à trop vouloir se montrer et se vendre en termes de réussite féminine. Mon modus operandi : OSE ENSUITE DOSE. J’aimerai dire à cette femme qu’elle a le meilleur des outils pour se lancer : Son intuition. C’est de là que née l’idée entrepreneuriale.

 Que dites-vous aux nouveaux immigrants algériens qui sont tentés par le Canada ?

J’aimerai leur dire qu’ils ont le talent nécessaire pour réussir dans un grand pays comme le Canada, qu’ils doivent apprendre à réseauter pour bâtir un bon réseau professionnel, qu’ils améliorent leurs compétences linguistiques dans les deux langues, qu’ils prennent le temps de comprendre la culture, les normes sociales et les valeurs canadiennes pour une excellente intégration. Le Québec est une terre fertile aux projets novateurs.

Avez-vous des projets, à moyens et longs termes, visant à faire bénéficier votre pays d’origine de votre longue expérience ?

Je suis ouverte à toutes formes d’opportunités et j’aimerai grandement soutenir les femmes algériennes dans leurs quêtes entrepreneuriales et les accompagner à concrétiser leurs projets. Le Réseau des Femmes d’affaires du Québec a pour objectifs de soutenir les femmes entrepreneures dans tous les pays francophones. À bon entendeur….

Le mois de juillet dernier, un forum d’affaires algéro-canadien a eu lieu à Montréal. La coopération économique entre les deux pays semble connaître un nouveau souffle. En tant que vice-présidente de l’une des plus puissantes organisations opérant au Québec dans le milieu de l’entrepreneuriat, quelles pistes suggérez-vous pour que cette coopération passe à un stade plus intense ?

J’ai été invitée, mais j’étais en vacances.  Je suggère que ces forums soient multipliés et médiatisés d’une façon plus importante pour en maximiser l’impact. Ce sont des événements extrêmement pertinents qui témoignent de la mobilisation et du dynamisme des membres de la diaspora.

Je suggère également d’inviter des personnalités de l’écosystème entrepreneuriales Algéro-québécois à acter comme ambassadeurs et ambassadrices afin de faire valoir la mission de cette coopération.

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