AuteurUne publicité peut en cacher une autre

« La publicité est comme le poison : elle n’est dangereuse qu’avalée. »
Mark Twain
L’une des premières choses que l’on remarque en arrivant dans les pays ultra industrialisés tels que le Canada et les pays européens, c’est le foisonnement de publicités. Il y a tant de produits à vendre qu’on en perd la tête, si ce n’étaient les annonces qui sont plus efficaces que d’autres et qui arrivent à nous faire croire que leurs fèves cuisent mieux que celles des autres.
Je ne dis pas qu’on n’a pas le choix des produits en Algérie, mais on est loin du compte. Et puis, pour les rares personnes qui (ne) regardent (pas) les chaînes étrangères à la télévision, on a un échantillon de tous ces produits qui se vendent, qui nous font nous poser des questions sur l’utilité des uns, l’efficacité de certains, et à quoi peuvent bien servir les autres.
Et, si en un jour pas si lointain on avait trouvé une échappatoire au foisonnement de publicités sur les ondes en nous réfugiant dans le streaming sur internet, le joug des annonceurs nous a atteint finalement, en nous écrasant sous un roc, que dis-je, un pic, un cap, une péninsule de publicités, poubelles les unes que les autres ! Que ce soit sur les plateformes de streaming vidéo et musicales, que sur les réseaux sociaux, on a parfois du mal à différencier le contenu de l’annonce, tant l’art se dissimule à force d’art.
Bien sûr, les pourvoyeurs de ces billevesées nous rassurent et se justifient en parlant d’annonces ciblées, qui ne peuvent que nous intéresser puisqu’en rapport avec nos recherches sur la toile ; mais on se demande parfois si l’algorithme qui s’occupe de ce ciblage n’a pas été écrit avec les orteils d’un cul-de-jatte, tant il est un tantinet mal foutu.
Par exemple, si vous avez eu le malheur de faire une recherche pour un ami qui voulait savoir le prix d’un rouge à lèvre parce qu’il voulait en offrir un à sa femme dont c’était l’anniversaire la semaine d’après, vous aurez bientôt toutes les gammes de produits de beauté en publicités pop-ups, instream, in-feed, en bannières, en skyscrapers, sur l’ordi, tablette, smartphone, et vous serez bientôt capable d’ouvrir un institut de beauté.
Et le ciblage est si mal fait qu’il ne tient pas compte du contenu écouté ou regardé. Tenez, l’autre jour je regardais une vidéo sur la démilitarisation des nations belliqueuses, sur la non-violence et non-ingérence, sur la paix dans le monde et, paf ! une publicité sur les armes à feux ! Pourquoi les armes à feux ? Parce que j’ai eu le malheur de faire une recherche pour un ami qui se préparait à aller rendre visite à sa belle-mère…
L’autre jour encore, je regardais une vidéo émouvante sur les doyens de l’humanité et, paf ! une pub sur les pompes funèbres. Pourquoi les pompes funèbres ? Parce que j’ai eu le malheur de faire une recherche pour le même ami qui rendait visite à sa belle-mère…
Cependant, tout ceci n’est pas un réquisitoire contre « la publicité, qui est la vie du commerce » et vitale pour la survivance et entretenir la bonne santé des médias de tous bords, mais simplement pour signaler un abus. Ceci dit, signaler un abus aux publicitaires, qui sont forts pour jouer sur les mots, est problématique. Si on fait des réclamations, ils nous rajoutent des réclames ; si on leur demande de mettre les publicités au placard, ils nous mettent des placards publicitaires.
T.A.M.