AuteurLe purgatoire

« L’enfer, c’est les autres », disait Sartre.
Et en y pensant… Si l’enfer, c’est les autres, alors je suis l’autre de quelqu’un. Ce qui veut dire que, statistiquement parlant, je suis sans doute l’enfer de quelqu’un. Ce n’est pas une découverte, des proches n’arrêtent pas de me le dire!
Cependant, vivre seul n’amène pas le bonheur non plus, généralement.
Donc, ça marche aussi dans l’autre sens. Le bonheur, c’est aussi les autres. Et on participe, peu ou prou, au bonheur d’au moins une personne. Mais, personne ne me l’a encore dit !
C’est habité de telles pensées que je me suis endormi et que j’ai fait ce drôle de rêve:
J’ai rêvé que j’étais mort et que j’étais aux portes du paradis ou de l’enfer. En fait, j’étais au purgatoire, sorte de passage au crible, et qui ressemblait pour l’heure à un hôtel, avec différents étages et couloirs, et différentes portes aux différents numéros.
Quelle ne fut ma stupéfaction lorsque je me rendis compte que je n’étais pas seul, et quelle présence! À côté de moi se tenaient Brad Pitt et Antonio Banderas ! En temps normal, je me serais empressé de leur demander un autographe ou de faire une photo souvenir, mais les circonstances ne s’y prêtaient guère. Cependant, j’étais plus qu’honoré d’avoir été mis dans un cercle aussi prestigieux (un triangle plutôt).
Soudain, avant d’avoir eu le temps de proférer un mot de kabyle, d’anglais ou d’espagnol, nous entendîmes une voix tonnante et impressionnante, qui semblait venir de nulle part et de partout à la fois ; elle disait : « Brad, allez à la chambre 112 ». Brad Pitt s’activa sur le champ et nous le suivîmes, par curiosité et pour le soutenir.
Une fois devant la porte, cette dernière s’ouvrit laissant voir une chambre des plus banales. Sur le lit était étendue une vieille dame complètement déglinguée, décharnée par l’âge, la peau tourmentée par des plis et des rides plusieurs fois centenaires. Si les femmes étaient des fruits, alors ce fruit-là était plus que gâté !
Et la voix caverneuse reprit : « Brad, vous avez vécu une vie de débauche et de luxure. Votre châtiment est de passer votre éternité dans cette chambre… »
Et là, sachant qu’il ne faut surtout pas contrarier le Seigneur, il entra et la porte se referma fatidiquement derrière lui !
« Antonio, allez à la chambre 244 ! » reprit la voix. Nous nous dirigeâmes prestement vers la chambre indiquée. La porte s’ouvrit, laissant voir ce qui jadis dut ressembler à une femme mais qui, à ce moment-là, ressemblait à une momie sans bandelettes, à un zombie putréfié. La chair grisâtre laissait voir les os, la tête n’avait plus que quelques touffes de cheveux cotonneux mais elle avait toutes ses dents, que l’on ne voyait que trop bien puisque les lèvres n’étaient plus là pour les cacher. Si les femmes étaient des fruits, alors ce fruit-là était plus que pourri !
La voix tonna de plus belle : « Antonio, vous avez vécu une vie de débauche et de luxure. Votre châtiment est de passer votre éternité dans cette chambre… »
Antonio Banderas alla au-devant de son enfer, sans rechigner car on ne rigole pas avec le Tout Puissant, et la porte se referma éternellement derrière lui !
« Tarik, allez à la chambre 711 ! » entendis-je alors la voix m’ordonner. D’un pas plus qu’hésitant, je déambulai dans les couloirs du purgatoire pour trouver ladite chambre. Lorsque je la trouvai, la porte s’ouvrit lentement et là je vis quelque chose d’extraordinaire, à laquelle je ne m’attendais certainement pas !
Dans la chambre, étendue sur un lit, je vis Angelina Jolie, plus que jamais digne de son nom, qui me regardait ! Je n’en croyais pas mes yeux ! J’entrai dans la chambre, me demandant quel bien ai-je pu faire pour mériter pareille rétribution, lorsque j’entendis la lugubre voix, tonnante et assourdissante qui disait : « Angelina ! Vous avez vécu une vie de débauche et de luxure. Voici voir châtiment ! »
T.A.M.